Interview : NEON CAGE EXPERIMENT
par Olivier CAMUS
photos: (c) - 2005 NCE

Derrière Neon Cage Experiment se cache un commando de quatre passionnés d’electro-indus venus de l’Est de la France. Résurgence d’Axonal Warfare, de Stigma et de AW4; le groupe a su s’imposer dès la première démo dans notre hexagone et n’a pas attendu la sortie officielle de "Oscillations" pour porter leur electro guerrière et cybernétique sur scène. NCE nouveau fer de lance electro gaulois? La réponse est déjà positive!

Sortie Actuelle:

NEON CAGE EXPERIMENT "Oscillations" (2005-Cortex records)

Pouvez-vous vous présenter respectivement? Et nous faire un rapide résumé du parcours de chacun de vos précédents projets électroniques (Axonal Warfare, Stigma, Nuclear Terror, AW4)?

Yoann (compositeur): N’ayant que très peu d’années derrière moi, je n’ai pas un aussi grand background que les autres membres du groupe, NCE est ma toute première expérience dans un groupe, j’ai toujours travaillé seul auparavant, j’ai travaillé beaucoup pour des projets associatif comme Audiotrauma, ou pour des B.O de courts métrages. J’ai crée a l’époque AW4 avec Nico, sans vraiment se connaître, pour le fun, et je pensais pas prendre autant de plaisir a travailler à plusieurs.
Nico (Programmeur et batteur): Axonal Warfare était le projet de 2 personnes Bruno L et Nico R , notre discographie était d’un CD et d’un mini CD sur une période de deux ans sous le label Celtic Circle. Nous avons splitté en 98. Mais nous sommes toujours resté en contact… L’envie de faire de la musique étant de plus en plus forte un autre projet, AW4, a vu le jour avec en premier lieu deux membres (Yoann et Nico) puis très vite rejoint par Laurent et Bruno.
Bruno (compositeur, mastering): J’écris quelques textes parfois. Axonal Warfare a été formé par Nico et moi-même en 1994. Comme le disais Nico, "Stasis Interrupted" et "Dead Time" ont été produits, hélas, juste à la fin de l’existence de Celtic Circle. En 98, nous avons cessé les activités d’Axonal, tout en restant en contact tant amicaux que musicaux, chacun faisant écouter à l’autre ses différents travaux.
Laurent (chant): Ex-chanteur de Stigma, j'ai également un projet solo plus orienté power-noise et musique industrielle: KL. Stigma a été une expérience très enthousiasmante. J'ai rencontré des gens formidables au cours des différents concerts. Je me sentais comme un poisson dans l'eau dans le milieu de la musique industrielle. Cela m'a également permis de réaliser un rêve: rencontrer Dirk Ivens et être signé sur son label, Daft Records. La rencontre avec Stefan Alt, boss d’Ant-zen, fut également un grand moment. Je ne pouvais espérer meilleur parcours.

Comment vous êtes-vous retrouvés tous les quatre autour de NCE?

B: Nico et Yoann se sont tout d’abord rencontrés, ils ont démarché Laurent pour quelques titres. Tous ensembles sous AW4, ils se sont produits à Colmar fin 2003; j’étais dans la salle. J’y ai perçu la forme primitive de ce qui allait devenir NCE. 2004 a été une année riche, nous avons repris l’ensemble des compos, tout en en créant de nouvelles. NCE était né.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre la scène après un si long silence?

N: L’envie de partager nos travaux et nos évolutions musicales mais sans bâcler le travail effectué ces dernières années, on a pris notre temps pour réunir le bon line up….
B: Tout s’est enchaîné naturellement, dans la mesure où nous sommes toujours restés actifs dans le milieu, rien n’a semblé être discontinu. La scène nous a paru être une évidence incontournable. J’étais d’autant plus rassuré que je ne devais plus chanter…
L: Au départ, je suis parti sur une simple participation au groupe pour quelques chansons, mais la réaction du public à un concert d'AW4 (nom de l'ancien NCE) à Colmar en 2003, m'a permis de comprendre que j'avais peut-être encore quelques cartes à jouer. Notamment, l'enthousiasme de Bruno, qui ne faisait à l'époque pas parti d'AW4, qui nous a vu et qui n'avait alors plus qu'une envie: se joindre à nous.

Etait-ce difficile de se remettre en selle autant pour la composition que pour le live?

N: Non pas du tout, quand on a l’envie de mettre le feu rien est difficile. La composition a toujours fait partie de notre environnement et les lives en découlent donc, aucun souci !
B: On a repensé l’aspect scénique par rapport à nos précédentes formations. La batterie déjà, est un peu notre touche personnelle. Le travail de vidéo de Yoann est aussi l’illustration de notre savoir-faire. Laurent a radicalement modifié sa façon de chanter… Bref, notre vie artistique précédente semble être la chrysalide de ce qui se passe actuellement.
L: Personnellement, ce n'est pas aussi évident que je le pensais. J'ai toujours un trac fou avant les concerts. Mais en même temps, une telle décharge d'adrénaline ne se vit pas tous les jours et c'est cela qui est extraordinaire: se retrouver confronté au public et essayer de lui faire partager quelques émotions... Quel challenge!
Y: De plus, il y a un vrai échange entre nous en live, c’est un show en perpétuelle évolution, on communique entre nous à l’aide des machines, je crois qu’il faut le vivre pour le comprendre!

On peut dire que la démo "Specific Gravity" a très peu durée sous ce statut de "démo"; mais qu'en même temps le succès qu'elle a obtenu a été assez retentissant sur la scène française (numéro 1 au charts FAC durant plusieurs mois). Comment avez-vous vécu cela?

N: Avec beaucoup de plaisir… Cela serait faux de dire que ce n’est pas plaisant de voir que votre passion est partagée par d’autres personnes… Il fallait donner suite à la démo que notre travail rentre dans le domaine de l’officiel c’est pour cette raison que cela a été très rapide.
B: La démo, c’était un coup de sonde, afin de mesurer l’accueil réservé de nos jours à ce genre de musique. Le résultat nous a rapidement convaincus qu’il fallait sortir l’album.
Y: Je pense que c’était aussi un peu une surprise pour nous et un très bel encouragement pour le futur!

Comment avez-vous convaincu ou séduit Cortex records (que l'on croyait mort) à vous signer? Quel fut le déclic?

N: Nous connaissions Cortex Records depuis longtemps, nous leur avons exposé notre projet et ils ont été séduits. C’est une relation très amicale et surtout une totale complicité entre nous.
B: Lol a toujours suivi de près les différents travaux des membres de NCE. Il était donc normal qu’on le contacte par la suite. Il ne s’est engagé avec Cortex qu’à compter du moment où il a pu apercevoir un potentiel.

Est-ce qu'on peut dire que les influences de Skinny Puppy et de FrontLine Assembly ont été un terrain d'entente pour vous tous? Etiez-vous partis sur d’autres orientations aux débuts de NCE ?

N: Chez NCE les influences sont très diverses, mais il est vrai que les groupes cités ont bercé notre jeunesse et continuent mais on pourrait en citer une bonne dizaine tels que NIN, Depeche Mode, The Klinik… Mais en tout cas ce n’était pas du tout une orientation au départ. La création ne doit pas être une pâle copie sinon on arrête tout de suite.
B: Ces groupes représentent une faible part du bagage musical des quatre membres. En ce qui me concerne, j’apprécie certains de leurs travaux, mais j’écoute de la musique depuis si longtemps que j’espère ne pas appliquer une recette aussi simple que l’imitation. Il n’y pas eu d’entente préalable pour les compos… On valide un morceau à partir du moment où tout le monde s’y retrouve.

Aviez-vous déjà défini à l'avance l'atmosphère posée de "Oscillations"? Etiez-vous parti du constat qu'il fallait éviter de sonner electro facile pour dancefloor allemands?

N: Non au départ, l’ambiance de Oscillations n’était pas préconçue, l’assemblage est venu petit à petit. NCE n’accroche pas spécialement au côté dancefloor des scènes quelque soit leur origine.
B: Nous n’avons rien planifié. Juste composé, selon nos envies et nos goûts respectifs. Il se trouve que nos compositions se situent en marge du mouvement actuel, que nous sommes certainement un peu…anachroniques.
Y: Je pense surtout que notre but est d’arriver a faire la jonction entre le cerveau et les jambes, faire écouter de nouvelles sonorités et faire découvrir de nouvelles sensations. C’est un travail très difficile et je sais qu’il faudra encore du parcours avant d’avoir exactement ce qu’on cherche à faire découvrir. Mais je crois qu’on est sur la bonne voie!

Pour vous, il fallait faire un retour salvateur sur les vraies valeurs sonores de ce mouvement?

N: Le retour salvateur est un bien gros terme à notre niveau… Mais disons que l’amour de certaines valeurs sonores tels que les sons analogiques ou le bidouillage sonore sont parties intégrantes de NCE
B: Nous ne partons pas en croisade contre quelque chose, je ne nous vois pas comme des pourfendeurs pour la pérennité d’un genre noble. Il n’y a pas de démarche particulière, on se fait simplement plaisir.

D'ailleurs de quoi parlent exactement vos textes?

L: Il n'y a pas de thème récurrent comme avaient pu l'être la vivisection et la dénonciation du nucléaire pour Stigma. Je me suis d'ailleurs un peu dégagé de ces choses-là, car j'avais l'impression qu'on pouvait devenir doctrinaire lorsqu'on s'engageait par trop dans une façon de penser unique. C'est un écueil que j'ai voulu éviter d'entrée avec NCE; les thèmes abordés sont donc plus variés et parfois avec un second degré, comme "Our Judgement" qui est une parodie du côté très lourd et caricatural de la violence par les armes qui s'exprime parfois dans le cinéma américain, voir européen... En fait, je trouvais que l'ambiance d' "Our Judgement" se prêtait bien à ce clin d'oeil.

… « Sharpest Tool » et « We Two Are One »; que racontent-ils si hargneusement?

L: "Sharpest Tool" est une chanson sur la difficulté d'aimer. La métaphore un peu facile de comparer l'amour et une rose: quelque chose de joli mais qui a également des épines... Évidemment c'est un thème archi-éculé voir mièvre mais qui, concrètement, est toujours d'actualité dans nos vies et peut nous parler à tous. "We Two Are One" est une chanson autobiographique et dégageant une énergie très positive; je me suis beaucoup inspiré de l'amour fusionnel que j'ai pu éprouver à un moment de ma vie.

Vous partez en Allemagne et en Suède pour deux concerts, qu'attendez-vous du public local? Quel accueil pensez-vous obtenir là-bas sur Oscillations?

B: Pour l’instant, nous avons de très bons contacts de la part de la scène internationale, et ce, de pays assez surprenants. Ainsi, la Roumanie fait partie des pays qui ont tout de suite adhéré à NCE qui nous joue lors de parties ou à la radio. Internet y est bien sûr pour beaucoup!
L: Nous avons déjà fait un concert à Lahr (Allemagne); j'ai trouvé l'accueil du public allemand positif sans être complètement enthousiaste.
Mais je ne désespère pas qu'ils le deviennent plus un jour. Quant à la Suède, j'ai personnellement énormément de respect et d'affection pour les scandinaves. J'ai gardé de mon séjour de quelques mois à Bergen (Norvège) beaucoup de bons moments et de bons amis. Et j'espère de tout coeur, que notre set leur plaira.

Votre regard sur la scène internationale actuelle? Vous qui avez connu l'époque glorieuse des 90's... Un mot également sur les labels, le circuit actuel et la crise que subit notre scène "underground"...

Y: Aujourd’hui il est de plus en plus facile de faire de la musique, ce qui a ouvert la porte a beaucoup de gens sur la scène électronique, on y trouve du bon et du mauvais, personnellement, je n’écoute plus trop la musique d’aujourd’hui, mis a part certains labels qui se démarquent encore des autres, mais je suis de plus en plus déçus par ce que produisent ces labels. Mais comme on dit, à chaque pot son couvercle.
N: Je regrette simplement que l’on ne tienne pas assez compte des leçons du passé en terme de qualité sonore…. L’informatique aujourd’hui permet beaucoup de choses dans la production musicale mais souvent de mauvaises, ceci vient du fait que l’on va de plus en plus vite pour produire. Le retour de certaines pointures des années 80/90 va peut être remettre les pendules à l’heure. C’est de plus en plus difficile de faire connaître officiellement ses projets. Maintenant il faut reconnaître que le Web permet de toucher de plus en plus de monde rapidement. C’est difficile pour une bonne structure de rester debout.
B: Encore une fois, je ne pense pas qu’on détienne la Vérité… Il y a de la place pour différents styles, et de part notre culture amassée durant ces années, il se trouve que nous faisons ce genre de musique. Personnellement, je ne suis pas ce qui se fait actuellement, j’écoute plus volontiers des choses très différentes, de la musique contemporaine aux classiques cold-wave, en passant par l’IDM. Les artistes des années 90 misaient certainement plus sur les ambiances et les mélodies. Désormais, la force et l’énergie priment.
L: Mon regard sur la scène actuelle: il est plutôt positif! Voire peut-être un peu naïf car je ne suis pas tellement au courant des rouages qui s'expriment dans les différents circuits de la scène dark. À notre époque, il y avait nettement moins de labels et nettement moins de groupes... Pour plus de qualité? Cela se discute. Pour ma part, je crois que chacun peut y trouver son compte et finalement, c'est çà le plus important! En particulier, je suis très attentifs à des labels comme Ant-Zen et Daft Records, mais aussi Metropolis, Dependent pour les mastodontes, Alfa-Matrix, M-Tronic, Brume Records, Divine Comedy, Hymen, Threshold House, Soleilmoon, ColdMeat Industry, Old Europa Café, Polymorph, Spectre, Tesco, Warp, ce qui en dit long sur mon éclectisme ...

http://neon.cage.experiment.online.fr


Side-Projects:
-
KL
- STIGMA
- AXONAL WARFARE
- AW4
-NUCLEAR TERROR

Discographie sélective:

AXONAL WARFARE "Stasis Interrupted" (1996-Khazad Dhùm/Celtic Circle Productions)
  AXONAL WARFARE "Dead Time EP" (1996-Khazad Dhùm/Celtic Circle Productions)